Ecrit, réalisé et dirigé par Solrey
Créé le 11 décembre 2005 à la Cité de la Musique à Paris
Musiques: G. Delerue, A. Desplat, A. Duhamel, M. Jarre, E. Morricone...
Transcriptions: Alexandre Desplat
Images vidéo: Solrey et Ange Leccia
Et soudain le premier violon sonne comme une harpe, et le second suit, égrenant sa mélancolie... Monte, distincte, la voix du violoncelle qui à lui seul distille la mélodie d'un amour perdu dont l'alto répercute le sourd écho. Et c'est la contrebasse qui semble propulser en vagues inextinguibles les nuages d'une épaisse fumée qui envahit l'écran d'envoûtantes volutes, s'enroulant et montant, et se renouvelant, et moutonnant du noir au grisé, du blanc à l'anthracite. Niagara de fumée. Puis césure. Et fugace apparition d'un visage endormi. Les aigus s'exacerbent. Faisceau de lumière dans la nuit. La musique s'évanouit. Oubliés les peupliers. Une ampoule s'est éteinte derrière la petite fenêtre entr'aperçue sur une mystérieuse façade.
Viendront des soleils rouges aux rayons diffractés, et des figures colorées comme sorties d'une peinture de Miro, apparaissant disparaissant: paramécies géométriques. Irruption de Brigitte Bardot en cardigan bleu marine se t&actant l'épaule avant de monter perplexe dans une décapotable rouge.
La même action se répète. Flottent invisiblement tous les demi-sourires de Jean-Luc Godard. Le quintette s'évade du côté de chez Steve Reich. Et vous voilà le long d'une irréelle route bleue bordée de hauts glaïeuls scintillant dans un crépuscule d'énigme: une moto fonce à flanc de colline, vous ne voyez de cette moto que le phare argenté. Elle trace.
Jamais à proprement parler d'illustration. Très peu d'allusions à ce cinéma dont on écoute ici, retranscrites, les bandes originales. Nul dessein de narration: Solrey et Ange Leccia œuvrent ici comme à l'inverse du compositeur lorsqu'il met des sons sur des images. Dans une confiance mutuelle intuitive ils sont allés en direction d'une sorte de paisible transe, de rumination sophistiquée, de fluidité résolue.
Abstraite et sensuelle à la fois, c'est une "bande-image" qui enveloppe les airs enfouis dans la mémoire collective, les souvenirs de salles obscures, un patrimoine recomposé. Images quasi subliminales. Nul carcan mémoriel.
Entre les musiques ressuscitées, recomposées, revisitées et l'ambiance visuelle c'est d' "association" qu'il s'agit : au sens propre de conjugaison. Au cours du montage, la musicienne a calculé des ralentis, des colorisations, des amplifications, toutes sortes de cadrages, dans l'idée de parvenir à cet "ostinato" qui caractérise l'univers d'Alexandre Desplat. Ses transcriptions sont autant de compositions. Quatuor à cordes classique plus contrebasse : cette formation atypique laissant au violoncelle toute sa voix a en elle même quelque chose de "cinéma". D'obstinément cinéma. Rhythm and movies !
Production Galilea Music
1. | Pierrot le fou (A. Duhamel) | 2:54 |
2. | Le Mépris (G. Delerue) | 5:15 |
3. | Jules et Jim (G. Delerue) | 2:25 |
4. | Garde à vue - Le Roi de cœur (G. Delerue) | 2:35 |
5. | Un héros très discret [I] (A. Desplat) | 2:27 |
6. | Un héros très discret [II] (A. Desplat) | 1:54 |
7. | La Peau douce (G. Delerue) | 2:12 |
8. | Peur sur la ville (E. Morricone) | 3:51 |
9. | Un héros très discret [III] (A. Desplat) | 2:13 |
10. | Sur mes lèvres (A. Desplat) | 5:23 |
11. | Le Dernier tango à Paris [I] (G. Barbieri) | 3:23 |
12. | Le Dernier tango à Paris [II] (G. Barbieri) | 3:04 |
13. | Le Dernier tango à Paris [III] (G. Barbieri) | 2:32 |
14. | Le Dernier tango à Paris [IV] (G. Barbieri)) | 4:09 |
15. | La Route des Indes (Maurice Jarre) | 2:31 |
16. | L'Important c'est d'aimer (G. Delerue) | 2:51 |
17. | Une aussi longue absence (G. Delerue) | 1:48 |
18. | Regarde les hommes tomber [I] (Alexandre Desplat) | 2:48 |
19. | Un héros très discret [IV] (A. Desplat) | 3:05 |
20. | Regarde les hommes tomber [II] (A. Desplat) | 2:23 |